Antoine Giacomoni et Nico, Drama of exile. Le livre

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Textes et photographies:
 Antoine Giacomoni
Direction éditoriale :
Anne Botella
Mise en page photo :
Paul Pedinielli
Printer :
Denis Stass pour Mandrake Productions
Script girl :
Corinne Sarocchi
Réalisation et corrections images :
Simon Benoit
Execution maquette :
Michelle Aflalo
Remerciements:
merci à mes parents Ange et Annonciade Giacomoni,
à Carole Pradines et à Ari bien sûr.


 Textes et photographies, ©  Antoine Giacomoni et les "Editions Illimité"
Page réalisée par Antoine Giacomoni et Denis Stass





Antoine Giacomoni
By 
Silvia Seova







" La voix de Nico, irrésistible chant de sirène, me mena irrémédiablement vers elle, entre Paris, New-York et Londres pour ses retrouvailles avec la scène, le disque et son fils unique Ari, rendez-vous du destin, fragment de vie, odyssée-rock, gravés à jamais dans la lumière de mon miroir."

Antoine Giacomoni.






Will there be another time ?
Another year, another wish to say ?


And those tears are carved inside
Your brain, in a gold and


circle game



Est-ce qu'il y aura une autre fois ?

Une autre année, un autre voeu à prononcer ?

Et ces larmes sont gravées dans ton cerveau, en un cercle doré comme un jeu

   NICO 60 / 40 SIXTY FORTY


extrait

























Beaucoup de critiques d'art s'imaginent à tort que l'idée de mon "MIRROR CONCEPT" est un hommage à la chanson de LOU REED " I'll be your mirror / je serai ton miroir ". Il ne s'agit là que d'une pure coïncidences.


      I'll Be Your Mirror                                           
(Je Serai Ton Miroir)


Je serai ton miroir

Je refléterai ce que tu es, au cas ou tu ne le saurai pas

Je serai le vent, la pluie et le coucher de soleil

La lumière à ta porte qui te montre que tu es chez toi

[Refrain]

Quand tu penses que la nuit a vu ton esprit

Qu'à l'intérieur tu es tordu(e) et méchant(e)

Laisse moi te montrer que tu es aveugle

LOU REED

S'il te plait baisse tes mains

Parce que je te vois

Je trouve ça dur de croire que tu ne sache pas

La beauté que tu es

Mais si tu ne le sais pas, laisse moi être tes yeux

Une main dans ton obscurité, alors tu ne seras pas effrayé

[Refrain]

Je serai ton miroir (je refléterai ce que tu es)










































































Philippe Garrel
©  A. Giacomoni
Nico
©  A. Giacomoni
"Avenue du Maine, novembre, 1978. Elle et moi allons trangresser le "pacte de non photographie.

"Nico n'étant pas une personne comme les autres, je me devais de la photographier d'une manière qui ne soit pas comme les autres. Il fallait que j'innove pour lui faire oublier sa hantise de l'appareil photo et du photographe. Pour cela rien ne me paraissait plus indiqué que le cadeau surprise que je lui réservais: le "mirror concept"(...)



(...) Philippe Garrel nous attend sagement, Nico le sollicite amicalement, il posera à son tour son visage blême dans ce carré réfléchissant. Il sera, le deuxième invité de ces "mirror's sessions" qui démarrent ce jour là. J'avais réussi la première traversée du miroir."(...)



























Nico au C.B.G.B'S
© A. Giacomoni


"J'irais l'écouter chanter au trés légendaire club le C.B.G.B'S, seule sur la scène assise derrière son inséparable orgue indien, acconpagné sur quelques trés rares morceaux par Lutz Ulbrich, un talentueux guitariste acoustique allemand. Malgré l'acceuil chaleureux du public et des critiques, cette tournée ne débouchera sur aucune proposition de contrat discographique. Des échos élogieux de ces concerts parviendront jusqu'à Londres ou on la demande. L'idée d'aller chanter à Londres n'enthousiasme guère Nico. Je l'aiderais à transporter son harmonium pour ses prestations scénique, 
notamment en première partie de Siouxie and The Banshees. ... /




















Brion Gysin
©  A. Giacomoni







Gina X
© A. Giacomoni



"Hélas les Anglais ne se montrèrent pas plus généreux en propositions de contrats de disques. De retour à Paris, je ne parviendrais, pas à faire mieux en lui organisant un concert privé, auquel j'avais entre autre invité William Burrough, Brion Gysin, Denise Glaser, la presse, ainsi qu'un parterre constitué de la crème des chanteuses new wave : Edith Nylon, Sapho, Gina X, Elli Meideros, Armande Altaï, Shakin Street, venues toutes rendre hommage à leur talentueuse ainée. (...)






























































©  images: A. Giacomoni










Label:
Invisible Records (2) ‎– C 3813
Format:
Vinyl, LP, Album 
Country:
Released:


Photography By - Antoine Giacomoni



A1One More Chance4:14
A2The Sphinx4:01
A3Saeta3:30
A4Genghis Khan3:35
A5Heroes
Written-By – B. Eno*, D. Bowie*
5:42
B1Henry Hudson3:47
B260/404:36
B3Orly Flight2:50
B4Vegas3:30
B5I'm Waiting For The Man
Written-By – L. Reed*

















"Nico étant une chanteuse d'expression anglaise, je comprend que Paris n'est pas l'endroit le plus indiqué pour son come back. Philippe Quilichini pensant trouver à Londres l'inspiration nécéssaire au disque qu'il prépare, me demande de m'y installer avec lui. Je propose à Nico de venir nous rejoindre. Nadett', pourtant guère enthousiasmée,  par le choix de cette destination, fera partie du voyage.Philippe ravi d'être signé par Allo Music/ France souhaite la même chance à Nico qui voulait appeler l'album de son retour "Drama of exile" parce que dit-elle : " Je suis devenue étrangère à moi-même et que c'est un drame de devenir étranger à sois même". Nadett' l'écoute et voit en Nico la seule chanteuse réellement rock, alter ego des Bowie, Lou Reed,  à qui il faut donner une nouvelle chance. (...)


                                                
 








   
  Nico, John Cale
 et
   A. Giacomoni
   ©  A Giacomoni
Nadett', Nico
 et
 Philippe Kilikini
© A. Giacomoni

(...) Nadett' contacte Brian Eno, John Cale, qui sont d'abord injoignables puis "overbooked"; idem pour le très gentil ex-guitariste des Rolling stones, Mick Taylor, qui bien que s'étant déplacé pour le rendez-vous, est déjà occupé par d'autres projets. Sur place Nadett' constitue autour de Nico un groupe de rock de musiciens anglais auquel participe aussi Henri Podovani, ex-guitariste de Police et Philippe Quilichini à la basse. Elle loue le studio d'enregistrement du célèbre Nick Lowe pour enregistrer selon le choix même de Nico Hyacinte House, une version revisitée des Doors. (...)

Henri Podovani
©  A. Giacomoni


Malgré la qualité musicale, la voix sublime de Nico, l'effet de surprise de la chanteuse enfin accompagnée d'un sérieux groupe rock, rien n'y fait. Un 45 tours ce n'est pas suffisant, pour un come-back, il faut un 33 tours de titres inédits. Aussitôt Nico et Philippe commencent les répétitions de nouveaux morceaux. (...)





Mahama Hadi
©  A. Giacomoni











© image: A. Giacomoni
(...) Les nouveaux morceaux sont superbes, et la voix de Nico encore plus émouvante. malgré l'absence de soutient d'un label, Nadett' décide qu'il est temps d'entrer en studio, elle fait venir, à ses frais, le guitariste oriental Mahama Hadi et le violoniste électrique Thierry Matiozek. Sur place, elle recrute Andy Clarke le synthétiseur de Bowie d'Ashes to Ashes, le saxophoniste Garry Barnacle, le batteur Steve Cordonna. Philippe retardera son album personnel pour tenir la basse, la guitare rythmique et la production musicale du disque. Les temps sont durs à Londres, la vie est chère, les locations de studios d'enregistrement et les appartements aussi. Il faut également assumer les musiciens, le matériel, les répétitions, les techniciens, le quotidien, les frais annexes. Tout ceci coûte une fortune, et au prix de quelques sacrifices et privations, quelques mois plus tard, de bons échos circulent dans la presse musicale anglaise au sujet de la réalisation de l'album en cours. Le New Musical Express dit qu'il sonne comme s'il avait couté un million de dollars. Il n'en faut pas plus à CBS Angleterre pour rappeler Nadett' et lui proposer de racheter l'album une fois terminé avec en plus la garantie d'une Nico vaillante et désintoxiquées pour soutenir, avec son groupe, la tournée de concerts promotionnels pour le lancement du disque. Portée par cette très bonne nouvelle, Nadett' se rend à Paris récupérer des fonds afin de régler les séances d'enregistrement. Durant son absence c'est le premier coup de théatre dans le "drame de l'exil".

Se disant envoyé par Nadett' qui le chargeait de payer et de retirer pour elle les bandes non mixées, un individu se présente au studio, demande le montant à régler et réapparaît  aussitôt avec la somme en argent liquide. Face à lui, le jeune employé du studio croyant avoir à faire à un ami de Nadett', en échange du règlement cash, lui remet les bandes non mixées. Ce vol sera bientôt suivi d'un ignoble chantage de la part de cet individu rusé et peu scrupuleux que Nadett', lors de sa quête éperdue de labels londoniens, avait gentiment remis à sa place alors qu'il se montrait très intéressé par la K7 de démonstration. Il se proposait de distribuer l'album sur son label indépendant sans la moindre avance.
Pour bien se resituer dans le contexte de l'époque, Drama of Exile était plus qu'un simple album, il était l'album inespéré, tant attendu du retour concret de Nico qui n'avait plus rien enregistré depuis The End, sept ans auparavant. Le genre d'album qui sous-entend un contrat sérieux, un plan de carrière, des options pour les albums suivants. Après sept ans d'exil, sept ans de réflexion, Nico méritait enfin sa place dans la cour des très grands dont elle faisait partie.

Notre individu rusé et peu scrupuleux persiste dans son chantage: " La balle est dans mon camp et vous ne pouvez pas faire autrement que de signer avec moi" Evidemment Nico, Nadett' et Philippe refusent de  céder à ce racket. Ils déposent une plainte au tribunal de Londres. Le maître chanteur s'appuyant astucieusement sur la vétusté de la loi britannique - " la common law", sorte de droit coutumier issu de la justice féodale anglaise du XI siècle, concomitante à "l'equity" droit de règle morale - affirme être lier aux plaignants par un contrat oral. J'ai l'impression d'être victime d'un cauchemar anachronique. Dans l'immédiat, le juge saisi de l'affaire ordonne aux deux parties de ne faire strictement aucun usage des bandes et des titres enregistrés jusqu'au jugement. Pour relativiser je pense à des aventures de studio jamaïcains, ou il arrivait parfois que surgissent des individus masqués qui sous l'intimidation de leur mitraillette, se faisaient remettre les bandes enregistrées qu'il fallait ensuite négocier pour les récupérer. Vu la précarité de l'île cela pouvait s'interpréter comme une sorte de prélèvement indirect. Hormis la perte de temps en bavardages, c'était plus de peur que de mal. A la remise d'un don symbolique tout finissait par s'arranger dans un climat bon enfant. Ceci m'amena à penser qu'il reviendrait à de meilleurs sentiments, qu'il était tout simplement vexé dans son orgueil masculin d'avoir à essuyer le refus de deux femmes pour son label, mais il lança, une nouvelle accusation visant à désunir Nico, Nadett' et Philippe. (…)


(A suivre) 





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